Dialogue avec un ami athée - 5

Publié le par Marc Chartier

Quelle est la faute

de ceux qui ignorent le Coran ?
Notre cher docteur se gratta la tête.

Il était évident qu'il faisait appel à toute son érudition pour me tendre une embûche, un piège qui me fût fatal.

Il me dit calmement, pesant ses mots :
- Bien ! Que dis-tu de cet homme qui ignore le Coran, à qui aucun Livre n'a été révélé, à qui aucun Prophète ne s'est adressé ? Où est sa faute ? Qu'adviendra-t-il de lui, selon vous, au Jour du Jugement ? Les Esquimaux, par exemple, ou les Noirs des forêts tropicales, quel sera leur sort lorsqu'ils comparaîtront devant Dieu au Dernier Jour ?

Je lui répondis :
- Permets-moi tout d'abord d'apporter quelques précisions aux informations dont tu disposes.
Tes questions reposent sur une prémisse erronée. Dieu a en effet déclaré qu'Il n'avait privé personne de sa Miséricorde, de sa Révélation, de sa Parole.

« Il n'est pas de communauté

où ne soit passé un Avertisseur. » (Coran : 35, 24)

« Nous avons mandaté un Prophète

à chaque communauté. » (Coran : 16, 36)

Les envoyés mentionnés dans le Coran ne sont pas tous les envoyés. Il en est des milliers d'autres dont nous ne connaissons rien. Dieu dit à Muhammad :

« Il en est parmi eux certains dont Nous t'avons narré l'histoire,

et d'autres dont Nous ne t'avons pas narré l'histoire. » (Coran : 40, 78)

Dieu manifeste sa Révélation à tout être, même aux abeilles :

« Ton Dieu a dit aux abeilles :

Installez vos nids dans les montagnes, dans les arbres et les ruches. » (Coran : 16, 68)

La Révélation peut s'accomplir de diverses façons : un Livre transmis par Gabriel, une lumière communiquée par Dieu au coeur de l'homme, une illumination intérieure... Elle peut résider dans une sagesse, une vérité, un acte de compréhension... Elle peut être liée à une attitude d'humilité, de frayeur, de piété.

À condition qu'il ouvre son coeur et ses oreilles, aucun être humain ne peut être privé de la Faveur divine. Sinon, même une multitude de Livres révélés, de Prophètes et de miracles ne serait pour lui d'aucune utilité.

Dieu a dit qu'Il réserve sa Miséricorde à qui Il veut et qu'Il n'a pas à être questionné sur ce qu'Il fait.

Il se peut que, dans sa Sagesse, il destine son Message à tel homme et qu'Il en prive tel autre, acceptant de ce dernier un degré moindre de foi.

Et qui sait ? Lorsqu'un Noir primitif tourne vers les cieux un regard de frayeur, cette simple attitude est peut-être plus salutaire, plus agréable à Dieu que notre prière.

Toutefois, une étude attentive des religions de ces Noirs primitifs montre que ceux-ci ont eu leurs Envoyés et leurs Messages révélés, au même titre que nous.

Sur la tribu des Mau-Mau, par exemple, nous lisons que ces hommes croient en un dieu appelé « Mugayi ». Les attributs qu'ils lui reconnaissent sont les suivants : il est unique ; il n'a pas engendré ni n'a été engendré ; il n'a pas d'égal ni de semblable ; invisible, il ne peut être connu que par ses oeuvres et ses actions. Il est créateur et pourvoit aux besoins des hommes. Il est généreux et miséricordieux. Il guérit les malades, secourt les nécessiteux, fait tomber la pluie et écoute les prières. L'éclair est son glaive et le tonnerre, le bruit de ses pas.

Ce « Mugayi » n'est-il pas identique à notre Dieu ? Comment ses adeptes ont-ils pu accéder à une telle connaissance, si ce n'est par l'intermédiaire d'un Envoyé présent dans leur histoire ? Par la suite, le temps a fait son oeuvre. Les superstitions et les pratiques magiques se sont immiscées, dénaturant la pureté religieuse de cette croyance.

La tribu des Niam-Niam croit également en un dieu unique appelé « Mboly », par la volonté de qui tout se meut dans la forêt. Ce dieu fait tomber la foudre sur les hommes qui commettent le mal. Il récompense les bons en leur assurant leur subsistance, en leur accordant sa bénédiction et sa protection.

C'est encore en un dieu unique que croient les Shilok et les Dinka. Les premiers l'appellent « Joke » et affirment qu'il est à la fois caché et manifeste : il est dans les cieux et en tout lieu ; il est créateur de toutes choses. Les seconds l'appellent « Nialak », mot qui se traduit littéralement par « Celui qui est dans les cieux, le-plus-haut ».

Quel nom donner à ces croyances sinon celui d' "Islâm" ?

Que sont-elles sinon des Messages révélés, transmis par des Messagers présents dans l'histoire des peuples ?

« La religion est unique. »

« Ceux qui croient,

Ceux qui pratiquent le Judaïsme,

les Chrétiens ou les Sabéens,

ceux qui croient en Dieu et au Dernier Jour,

ceux qui font le bien :

tous ceux-là trouveront leur récompense auprès de leur Seigneur.

Ils n'éprouveront plus aucune crainte et ne seront pas affligés. » (Coran : 2, 62)

Oui ! Même les Sabéens ! Ils ont adoré le soleil comme une merveille de la Création divine. Ils ont cru en un Dieu unique, à l'Au-delà, à la Résurrection et au Jugement Dernier. Ils se sont comportés avec droiture. Pour toutes ces raisons, une récompense leur est réservée auprès de leur Seigneur.

Nous le savons, la Miséricorde divine s'exprime de diverses façons.

Certains naissent aveugles ; d'autres possèdent la vue. Certains ont vécu au temps de Moïse et l'ont vu de leurs yeux fendre la mer avec son bâton. D'autres ont vécu au temps du Christ et l'ont vu ressusciter les morts... Pour notre part, nous ne connaissons ces prodiges que par transmission orale.

Apprendre oralement un fait et en être témoin oculaire sont deux réalités différentes. Et pourtant, la foi et le refus de croire ne sont pas liés aux miracles.

Les orgueilleux et les obstinés constatent les prodiges accomplis par leurs Prophètes, mais ils n'ont rien d'autre à dire que: « C'est simplement de la magie ! »

Notre docteur qui nous arrive de France a sans doute pris connaissance des trois Livres que sont l'Ancien Testament, l'Évangile et le Coran. Mais cela ne lui a servi qu'à l'enfoncer dans son esprit querelleur. Pour en finir avec le sujet, il a transposé tout le débat sur ce pauvre être perdu au fond de la jungle et auquel n'est parvenu aucun Livre révélé: « Que pensez-vous de cet homme qui n'a eu connaissance ni du Coran, ni d'aucune autre Révélation écrite? » Il croyait par là avoir mis le doigt sur une faille dans la Justice divine, ou bien il se leurrait lui-même en pensant qu'il ne s'agissait que d'un jeu.

D'où sa question: « Pourquoi la Miséricorde divine s'exprime-t-elle de diverses façons ? Pourquoi Dieu veut-Il que telle personne soit le témoin direct de ses Merveilles alors que telle autre n'en prend connaissance que par tradition orale ? »

Il se peut, selon nous, qu'il s'agisse non pas de Miséricorde, mais de vengeance. Dieu a déclaré aux disciples du Christ qui avaient demandé qu'une table descendît des cieux :

« En vérité, je la fais descendre sur vous. Je châtierai d'une manière dont je n'ai encore châtié personne dans l'univers celui de vous qui, après cela, restera incrédule. » (Coran : 5, 115)

En effet, la réalisation de miracles s'accompagne toujours d'un accroissement du châtiment pour qui refuse de croire.

Bienheureux ceux qui auront cru parce qu'ils auront entendu, sans avoir vu aucun miracle !

Malheur à ceux qui auront vu, mais n'auront pas cru !

Le Coran que tu détiens est une mise en garde. Si tu refuses de croire, il plaidera contre toi et, le Jour du Jugement, tu mériteras la Vengeance de Dieu, non sa Miséricorde.

Cette accusation explicite ne concerne pas l'Esquimau. Elle pourra au contraire lui servir d'excuse le Jour du Jugement et lui donner droit à la Miséricorde et au Pardon de Dieu. Il se peut également que le regard porté vers les cieux, à un certain moment de sa vie, par cet être ignorant la Vérité révélée soit suffisant pour que Dieu l'accepte comme un croyant sincère.

Mais pourquoi Dieu fait-Il miséricorde à l'un plutôt qu'à l'autre?

Cette distinction relève de la science que Dieu a des coeurs.

« Il connaissait le secret de leurs coeurs.

Il a fait descendre sur eux sa Présence.

Il les a récompensés par une victoire rapide. » (Coran : 48, 18)

La science que Dieu a de nous-mêmes et de nos coeurs remonte plus loin qu'au moment où nous fûmes engendrés, lorsque nous étions, auprès de Dieu, des esprits entourant son Trône. Parmi nous, certains s'assemblèrent autour de sa Lumière ; d'autres s'en éloignèrent, oublieux de la beauté de leur Créateur pour profiter des plaisirs du Royaume céleste. Dès lors, ces derniers méritèrent le degré le plus bas. Leur sort était déjà fixé. C'est ainsi que s'expriment ceux qui "voient" Dieu par le coeur.

Ce que nous savons de notre courte vie ici-bas n'est pas le tout de notre histoire.

La sagesse que recèle toute souffrance ou privation n'est connue que de Celui qui est Omniscient.

À celui qui demande pourquoi le porc a été créé tel par Dieu, je ne peux que répondre en ces termes : Dieu a choisi pour le porc l'aspect extérieur qui était conforme à la nature de cet animal, celle du porc. Créer ainsi répond donc pleinement à la justice.

Tout ce qui, dans notre monde, est mérité est conforme à la justice. Il n'est cependant pas à la portée de tous de percevoir cette justice, ni de connaître l'entière sagesse qu'elle renferme.

Sans doute est-ce pour cette raison qu'il existe un Au-delà, un Jour où les balances du Jugement seront érigées. Dans sa Science, Dieu nous fera connaître alors tout ce sur quoi nos opinions auront divergé.

Je voudrais toutefois te rassurer en te donnant un argument décisif. Dieu dit en effet dans le Coran qu'Il châtiera uniquement ceux qu'Il aura auparavant avertis par ses Prophètes :

« Nous n'avons jamais châtié un peuple

avant de lui avoir envoyé un Prophète. » (Coran : 17, 15)

Te sens-tu apaisé maintenant ?

Cher ami, permets-moi d'ajouter ceci : l'aspect le plus étrange de ta question est qu'elle semble émaner de ta foi. Tu donnes l'impression d'avoir pitié de ce malheureux Noir auquel échappe ce que renferme le Coran de Lumière, de Droite Guidance et de Miséricorde divine... En fait, tu renies le Coran et son Message. Ta question est donc on ne peut plus sournoise et trompeuse. Rien de plus ignoble que l'autocontradiction qu'elle trahit, car tu essaies de nous imposer un argument qui n'est, pour toi, nullement probant.

Ne constates-tu pas avec moi, cher ami, que ta logique a besoin d'être sérieusement revue ?
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